La perfusion à domicile : c’est quoi, comment est-elle réalisée ?

perfusion à domicile

L’essor des soins à domicile permet aujourd’hui de recevoir certains traitements intraveineux chez soi, dans un cadre rassurant et personnalisé. La perfusion à domicile offre souvent une alternative à l’hospitalisation classique, lorsqu’un traitement par voie intraveineuse est nécessaire mais que l’état du patient est stable. Comment cela se passe-t-il concrètement ? Qui intervient ? Quelles précautions observer ? Voici un guide complet, clair et utile pour comprendre le principe, l’organisation et la réalisation d’une perfusion chez soi.

Qu’est-ce qu’une perfusion à domicile ?

La perfusion à domicile correspond à l’administration d’un médicament, d’un soluté d’hydratation ou d’un nutritif directement dans la circulation sanguine, sans passer par l’estomac. Elle est réalisée via un dispositif d’accès veineux (cathéter périphérique, midline, PICC line, chambre implantable), relié à une poche ou à une pompe, sous la surveillance d’un(e) infirmier(ère) diplômé(e).

L’objectif est double :
– garantir l’efficacité d’un traitement nécessitant la voie intraveineuse (IV) ;
– permettre au patient de rester dans son environnement, de conserver ses repères et son rythme de vie, tout en bénéficiant d’un suivi professionnel.

Le recours à la perfusion à domicile est strictement encadré par une prescription médicale, un protocole écrit, et une coordination entre médecin prescripteur, infirmier(ère) libéral(e) ou équipe d’hospitalisation à domicile (HAD), et prestataire de santé à domicile (PSAD) pour la fourniture du matériel.

Dans quels cas la perfusion à domicile est indiquée ?

Les indications les plus fréquentes incluent :
– antibiothérapie intraveineuse (infections nécessitant des doses précises ou des molécules non disponibles par voie orale) ;
– hydratation et correction des troubles hydro-électrolytiques ;
– nutrition parentérale (chez des patients ne pouvant pas s’alimenter par voie digestive) ;
– perfusion d’immunoglobulines ;
– antalgiques par voie IV (douleurs rebelles sous protocole établi) ;
– certains traitements de longue durée sous pompe ambulatoire (par exemple via pompe élastomérique), lorsque l’HAD est organisée.

La pertinence d’un traitement IV à domicile est évaluée au cas par cas, en fonction de l’indication, de la stabilité clinique, du contexte social et de la sécurité du domicile.

Qui est éligible et qui intervient ?

Critères d’éligibilité

– état clinique stable, sans besoin de surveillance hospitalière continue ;
– domicile compatible avec des règles d’hygiène simples (pièce propre, point d’eau, électricité) ;
– présence d’un aidant selon les cas, ou capacité du patient à signaler rapidement tout signe anormal ;
– consentement éclairé du patient après explication du protocole ;
– accès veineux adapté (cathéter périphérique ou central selon la durée et la nature du traitement).

Professionnels impliqués

– le médecin prescripteur définit l’indication, la durée, la posologie et les modalités de surveillance ;
– l’infirmier(ère) libéral(e) ou l’équipe HAD réalise le soin, éduque le patient, surveille la tolérance et rend compte au médecin ;
– le prestataire de santé à domicile livre le matériel, assure la mise à disposition des pompes (volumétriques, pousse-seringue, élastomériques) et la maintenance.

Comment se déroule une perfusion à domicile, étape par étape

1) Avant la perfusion : prescription, matériel et préparation

– Prescription médicale détaillée avec le médicament, le débit, la durée, les modalités de dilution, la fréquence, les seuils d’alerte ;
– Livraison et installation du matériel par le PSAD : poches, tubulures, filtres si besoin, pompes, supports, pansements stériles, compresses, solution hydroalcoolique, gants non stériles, collecteur pour déchets à risques (DASRI) ;
– Vérification des conditions de conservation (chaîne du froid si nécessaire, date de péremption) ;
– Éducation du patient et/ou de l’aidant : gestes d’hygiène, signes d’alerte, numéros d’urgence, calendrier du traitement ;
– Aménagement d’un espace propre, bien éclairé, dégagé, à l’écart des animaux domestiques pendant la procédure.

2) Le jour J : check-list de sécurité

– hygiène des mains au gel hydroalcoolique ;
– contrôle de l’identité du patient et de l’ordonnance ;
– vérification du médicament, de la dilution, de la date de péremption, de l’intégrité de la poche, du bon matériel de perfusion ;
– prise des constantes si prévu (température, tension artérielle, fréquence cardiaque) ;
– interrogation sur d’éventuels symptômes récents (fièvre, frissons, douleur, gêne respiratoire).

3) Pose ou utilisation de la voie veineuse

– si un cathéter périphérique doit être posé, l’infirmier(ère) choisit un site veineux, désinfecte selon protocole, pose et fixe le dispositif puis le rince au sérum physiologique ;
– si un dispositif d’accès veineux est déjà en place (midline, PICC, chambre implantable), il/elle désinfecte l’orifice, change l’aiguille de Huber si nécessaire, contrôle le reflux, rince et sécurise le pansement ;
– la fixation est solide, visible, sans tension ; le pansement est occlusif, daté.

4) Connexion, réglage et administration

Deux modalités principales :
– gravité: la poche est suspendue, débit contrôlé par régulateur. Convient à des perfusions simples et de courte durée ;
– pompe: volumétrique, pousse-seringue ou élastomérique (ballon). Avantages: débit précis, programmation, mobilité.

Étapes clés:
– purge de la tubulure pour chasser l’air ;
– connexion sur une ligne dédiée ou un site d’injection selon protocole ;
– réglage du débit et horaire de début ;
– surveillance clinique: confort, douleur au point de ponction, rougeur, gonflement, frissons, nausées, démangeaisons, toux, essoufflement.

5) Pendant la perfusion : surveillance

– contrôle régulier du point d’insertion (absence d’infiltration, d’extravasation, de phlébite) ;
– vérification du débit et du bon fonctionnement de la pompe (alarmes) ;
– prise de constantes selon le protocole ;
– tenue d’un carnet de suivi: heure de début/fin, volume perfusé, événements.

6) Fin de perfusion et traçabilité

– arrêt du dispositif, rinçage de la ligne et du cathéter au sérum physiologique ;
– verrou hépariné si requis par le type de cathéter central ;
– déconnexion aseptique, pansement propre si la voie reste en place ;
– consignation des paramètres, signature, rangement du matériel ;
– élimination des déchets dans le collecteur DASRI dédié.

Quel matériel est utilisé ?

Selon le traitement et la durée, on peut utiliser :
– cathéter périphérique court (quelques jours) ;
– midline ou PICC line (accès veineux prolongé, confort et réduction des reposes) ;
– chambre implantable (voie centrale sous-cutanée pour traitements répétés) ;
– tubulures avec filtre si nécessaire, robinets, connecteurs sans aiguille ;
– pompes volumétriques, pousse-seringue électrique, ou pompes élastomériques (permettent une administration continue et discrète) ;
– dispositifs d’asepsie: compresses, antiseptique, gants, pansements transparents stériles ;
– collecteur DASRI et sacs adaptés au tri des déchets de soins.

Le choix du dispositif dépend de la molécule, de l’osmolarité, du pH, de la durée et de la fréquence du traitement, ainsi que des veines disponibles.

Sécurité et prévention des complications

Les complications sont rares si l’asepsie est rigoureuse et la surveillance régulière, mais il faut les connaître :

– infections liées au cathéter: rougeur, chaleur, douleur, pus au point d’entrée, fièvre. Conduite: prévenir rapidement l’infirmier(ère) et le médecin ;
– phlébite ou thrombose: douleur le long de la veine, cordon induré, œdème. Conduite: arrêt de la perfusion, avis médical ;
– extravasation: gonflement, douleur, blanchiment de la peau. Conduite: arrêter la perfusion, surélever le membre, alerter le soignant ;
– réactions allergiques: urticaire, démangeaisons, gêne respiratoire. Conduite: arrêter immédiatement, appeler les secours si signes sévères ;
– dysfonction de pompe ou mauvais débit: vérifier les clamps, les coudes, la batterie, la programmation ; contacter le PSAD si besoin.

En cas de détresse (difficulté à respirer, malaise, chute de tension, perte de connaissance), appeler immédiatement le 15 (ou 112).

Coût et prise en charge

En France, la perfusion à domicile est généralement prise en charge par l’Assurance Maladie sur prescription, selon les référentiels en vigueur et la Liste des Produits et Prestations (LPP) pour le matériel. La couverture peut être totale (notamment en cas d’ALD, d’HAD, ou de médicaments remboursés à 100 %) ou partielle, avec complément éventuel par la mutuelle. Le devis du PSAD et les modalités de facturation infirmière sont présentés au patient ; n’hésitez pas à demander une explication claire des restes à charge avant le démarrage.

Questions fréquentes

La perfusion à domicile est-elle douloureuse ?

La pose du cathéter peut être légèrement inconfortable, mais la perfusion en elle-même est habituellement indolore. Signalez toute douleur ou brûlure au point d’insertion.

Combien de temps dure une séance ?

De 30 minutes à plusieurs heures selon la molécule et le débit. Certaines perfusions sont continues sur 24 h via une pompe ambulatoire.

Puis-je me déplacer pendant la perfusion ?

Oui, avec une pompe portable bien fixée et sous réserve d’un protocole adapté. Évitez toutefois les mouvements brusques et surveillez la tubulure.

Que faire si la pompe sonne ?

Vérifiez la tubulure (coudure, clamp fermé), le niveau de batterie, la position du cathéter. Si l’alarme persiste, contactez le prestataire ou l’infirmier(ère).

Peut-on voyager ?

C’est possible avec une organisation préalable: planning de soins, stock de matériel, lettres médicales, coordonnées locales, respect de la chaîne du froid. Demandez l’avis du médecin.

Conseils pratiques pour bien vivre sa perfusion à domicile

– préparez un espace dédié, propre, avec une surface plane et facile à nettoyer ;
– lavez-vous les mains avant toute manipulation ; tenez les animaux éloignés pendant la séance ;
– portez des vêtements amples pour ne pas tirer sur le cathéter ;
– hydratez-vous si le traitement le permet, et respectez les consignes diététiques ;
– notez dans un carnet les heures de perfusion, vos sensations, la température et tout événement ;
– vérifiez régulièrement l’état du pansement (sec, propre, bien adhérent) ;
– anticipez le réassort de matériel avec le PSAD et l’infirmier(ère) ;
– gardez visibles les numéros utiles: médecin traitant, infirmier(ère), prestataire, urgences (15/112).

Pourquoi la perfusion à domicile améliore le quotidien

Au-delà de l’aspect pratique, recevoir une perfusion chez soi permet souvent de:
– réduire les allers-retours à l’hôpital et la fatigue associée ;
– limiter l’exposition à d’autres infections nosocomiales ;
– conserver ses habitudes et son entourage, facteurs essentiels au moral ;
– renforcer l’autonomie grâce à une éducation thérapeutique progressive.

Cette approche ne remplace pas l’hôpital lorsqu’une surveillance lourde est nécessaire, mais elle s’inscrit dans un parcours de soins moderne, centré sur le patient et coordonné par les professionnels de santé.

Conclusion

La perfusion à domicile est une pratique sûre et encadrée, qui associe efficacité thérapeutique et confort de vie. Elle repose sur trois piliers: une indication médicale justifiée, une équipe formée et coordonnée, et une organisation rigoureuse au domicile (hygiène, matériel, surveillance). En comprenant les étapes, les rôles et les précautions, patients et aidants deviennent de véritables partenaires du soin.

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