La perfusion à domicile s’est imposée comme une solution de soins efficace et confortable pour de nombreux patients : antibiothérapies, nutrition parentérale, hydratation, analgésie continue… Mais pour que l’administration se fasse en toute sécurité et sans tracas au quotidien, un point clé est souvent sous-estimé : le choix du set de perfusion. Derrière ce « simple » dispositif se jouent la précision du débit, la compatibilité avec les médicaments, le confort, et surtout la sécurité du patient.
Cet article propose un guide clair et concret pour sélectionner un set de perfusion à domicile adapté, en tenant compte des normes, des spécificités thérapeutiques et des bonnes pratiques d’utilisation. Il ne remplace pas l’avis du professionnel de santé mais vous aide à poser les bonnes questions et à comprendre les enjeux.
À quoi sert un set de perfusion à domicile ?
Un set de perfusion (ou kit/ligne de perfusion) relie la poche ou le flacon de solution au dispositif d’accès vasculaire (cathéter périphérique, PICC line, chambre implantable via un prolongateur, etc.). Il comprend généralement :
– une pointe perforante (spike) pour connecter la poche ou le flacon, parfois ventilée pour les contenants rigides ;
– une chambre compte-gouttes pour visualiser et estimer le débit par gravité ;
– une tubulure principale (longueur variable) avec clamp ou régulateur de débit ;
– un ou plusieurs sites d’injection sans aiguille (valves) en Y pour les médicaments et rinçages ;
– un embout Luer lock mâle pour une connexion sécurisée au cathéter ;
– éventuellement des éléments de sécurité : filtre (0,2 µm ou 1,2 µm), valve anti-retour, anti-siphon, dispositif purge facile, bouchon stérile, protection lumière.
Selon la thérapeutique, l’administration se fait par gravité ou via une pompe à perfusion. Chaque mode a des exigences spécifiques en termes de précision, de résistance à l’écoulement et de compatibilité.
Les critères essentiels pour choisir son set
1) Compatibilité avec la thérapeutique et les solutions perfusées
Le premier filtre de décision porte sur le traitement lui-même.
– Type de solution et matériaux: certaines molécules sont incompatibles avec le PVC ou les plastifiants (DEHP). Pour les lipides ou la nutrition parentérale, privilégiez des tubulures sans PVC/DEHP et, si nécessaire, opaques ou gainées pour la protection à la lumière. Les personnes sensibles au latex choisiront des sets latex-free.
– Filtres: un filtre 0,2 µm est souvent utilisé pour les solutions aqueuses afin de retenir bactéries et particules ; pour les émulsions lipidiques, on emploie plutôt un filtre 1,2 µm. Le recours à un filtre dépend du protocole médical. Un filtre augmente la résistance au débit : s’assurer de la compatibilité avec la pompe ou la perfusion gravitaire.
– Poche souple ou flacon rigide: pour les flacons en verre ou certains plastiques rigides, une pointe ventilée est nécessaire afin d’éviter la mise sous vide.
2) Mode d’administration : gravité ou pompe
– Perfusion par gravité: la régulation du débit repose sur le clamp et l’observation de la chambre compte-gouttes. Choisir une tubulure avec clamp précis, chambre lisible et longueur adaptée. Des valves anti-siphon et anti-retour sécurisent le flux.
– Perfusion avec pompe: opter pour un set compatible avec le modèle de pompe (référence constructeur), conçu pour garantir un débit exact. Vérifier le volume de purge (priming volume), la compliance et la rigidité de la tubulure, la présence d’éléments anti-occlusion et la compatibilité des filtres.
3) Connectique sécurisée et standardisée
– Connexion Luer lock conforme à la norme ISO 80369-7 pour limiter les erreurs de raccordement et garantir l’étanchéité.
– Sites d’injection sans aiguille (valves) pour limiter les AES (accidents d’exposition au sang) et faciliter les injections/rinçages. Vérifier la compatibilité avec les embouts des seringues et des prolongateurs.
– Valves anti-retour et Y-sites: utiles en multithérapie pour éviter les reflux et permettre les rinçages entre les médicaments incompatibles.
4) Confort d’usage et ergonomie au quotidien
– Longueur et souplesse: une tubulure trop courte tire sur le point de ponction ; trop longue, elle gêne les mouvements. Adapter la longueur à la mobilité du patient et au mode de vie (travail, déplacements).
– Résistance au coudage (kinking): une tubulure qui se plie facilement provoque des occlusions et des alarmes intempestives sur pompe.
– Discrétion: matériaux silencieux, couleur sobre, protection anti-lumière intégrée pour certains protocoles.
– Lisibilité: graduations et repères utiles pour la purge et la vérification du volume résiduel.
5) Stérilité, usage unique et dates de péremption
– Dispositif médical stérile à usage unique, emballage intact et daté.
– Méthode de stérilisation indiquée (oxyde d’éthylène, rayonnement gamma).
– Date de péremption clairement lisible et traçabilité (numéro de lot).
6) Normes, marquage et traçabilité
– Marquage CE conformément au Règlement (UE) 2017/745 (MDR) pour les dispositifs médicaux.
– Références aux normes de performance (ex. ISO 8536 pour les sets de perfusion).
– Étiquetage clair: volume de purge, présence de filtre et sa taille, compatibilité pompe, absence de DEHP/latex.
7) Impact environnemental et gestion des déchets
– Réduction des plastifiants (DEHP) et préférence pour les matériaux recyclables lorsque possible, sans compromis sur la sécurité.
– Conditionnements compacts limitant les déchets à domicile.
– Filières d’élimination adaptées: conteneur pour objets piquants/coupants, sacs dédiés selon les recommandations locales.
Quand privilégier un dispositif avec filtre ?
Le filtre protège des particules et, selon sa taille de pore, de certains micro-organismes. Situations fréquentes où un filtre est envisagé:
– nutrition parentérale avec lipides: filtre 1,2 µm recommandé dans de nombreux protocoles pour retenir les particules tout en laissant passer les émulsions lipidiques ;
– solutions aqueuses sensibles: filtre 0,2 µm pour limiter le passage bactérien et particulaire ;
– préparation hospitalière spécifique ou médicament à risque particulaire.
Attention: le filtre n’est pas un « plus » universel. Il peut ralentir le débit, interagir avec des molécules adsorbées et n’est pas toujours compatible avec la pompe. L’indication relève du prescripteur et des recommandations du fabricant du médicament.
Exemples de configurations selon les besoins
– Antibiothérapie à domicile (cures de 7 à 14 jours):
  – Accès vasculaire: cathéter périphérique ou PICC line selon la durée et l’irritation potentielle.
  – Set: tubulure compatible avec perfusion par gravité ou pompe ambulatoire, Y-site pour rinçage, valves sans aiguille, éventuellement filtre 0,2 µm si recommandé. Longueur adaptée pour conserver de la mobilité.
  – Bonnes pratiques: rinçage entre les administrations, surveillance des signes de phlébite.
– Hydratation et traitements de confort:
  – Set par gravité avec chambre compte-gouttes lisible, clamp précis, anti-siphon ; ou set dédié à la pompe si débit strict.
  – Longueur suffisante pour les activités quotidiennes, fixation discrète.
– Nutrition parentérale (NP) à domicile:
  – Set spécifique pompe, tubulure sans PVC/DEHP, protection à la lumière si nécessaire, filtre 1,2 µm selon protocole.
  – Priorité à la précision du débit et à la prévention des contaminations. Changement du set selon la fréquence définie par l’équipe soignante (souvent toutes les 24 heures en NP).
– Analgésie continue et PCA:
  – Tubulure compatible avec la pompe, avec anti-siphon et anti-retour pour éviter les bolus involontaires.
  – Connecteurs sécurisés, sites sans aiguille pour des manipulations limitées.
Ces exemples sont indicatifs. Le choix final est déterminé par la prescription médicale, le plan de soins et l’évaluation du prestataire de santé à domicile.
Bonnes pratiques d’utilisation à domicile
Sans entrer dans un protocole opératoire détaillé, quelques repères utiles:
– Prescription, formation et accompagnement: la perfusion à domicile se réalise sur ordonnance, avec un plan de soins. Infirmier(ère) et prestataire (PSAD) forment le patient et/ou l’aidant aux gestes d’asepsie, aux contrôles et à la détection des anomalies.
– Hygiène et asepsie: hygiène des mains systématique, manipulation des connectiques avec dispositifs sans aiguille désinfectés selon les recommandations locales. Circuit le plus fermé possible.
– Changement du set: fréquence dictée par les protocoles (par exemple, sets de NP et lipidiques changés toutes les 24 heures ; autres sets selon durée de perfusion continue/discontinue et recommandations locales). Toujours suivre l’avis des soignants.
– Surveillance: douleur, rougeur, chaleur, œdème autour du cathéter (phlébite, infiltration), fièvre, frissons, débit anormal, alarmes de pompe, bulles persistantes, fuite. En cas de doute: contacter rapidement l’infirmier(ère) ou le service dédié.
– Vie quotidienne et mobilité: sécuriser la tubulure pour éviter les arrachements, protéger le site lors de la toilette, éviter l’exposition directe au soleil pour les solutions photosensibles, vérifier l’état des piles/accus si pompe ambulatoire.
– Gestion des déchets: ne jamais réutiliser un set à usage unique. Éliminer selon la filière réglementée (collecteurs pour objets piquants/coupants, reprise par le prestataire, consignes locales).
– Logistique en France: l’Assurance Maladie peut prendre en charge la perfusion à domicile sur prescription. Les PSAD fournissent les sets, pompes, consommables, et assurent la traçabilité ainsi que le suivi technique.
Questions fréquentes
– Un set est-il « universel » ?
La connectique Luer lock standardise beaucoup, mais la compatibilité avec une pompe précise, la présence d’un filtre ou la matière de la tubulure peuvent rendre un set inadapté à un usage. Toujours vérifier la référence recommandée.
– Combien de temps garder la même tubulure ?
Cela dépend du type de perfusion, de la continuité du traitement et des recommandations de votre équipe soignante. Les délais varient selon les solutions (par exemple, nutrition parentérale et lipides: changement généralement quotidien). Suivre impérativement le protocole.
– Dois-je choisir un set avec filtre par précaution ?
Pas systématiquement. Le filtre répond à une indication. Utiliser un filtre non prévu peut réduire le débit ou interagir avec le médicament. Demandez l’avis du prescripteur.
– Que faire si je vois une bulle d’air ?
N’essayez pas de manipulations hasardeuses. Signalez-le à l’infirmier(ère) ou au prestataire, qui vous guidera ou interviendra si nécessaire.
– Puis-je me doucher avec une perfusion ?
En règle générale, on protège soigneusement le site et la tubulure, et on suit les consignes personnalisées de l’équipe de soins. Selon le dispositif et la durée, une douche peut nécessiter des précautions spécifiques ou être déconseillée.
Checklist pour choisir rapidement
– Thérapeutique et solution: compatible matériaux (sans DEHP/latex si besoin), protection lumière si nécessaire.
– Mode d’administration: gravité ou pompe? Set explicitement compatible avec l’équipement.
– Filtres: taille de pore conforme au protocole (0,2 µm/1,2 µm) ou absence de filtre si non indiqué.
– Connectique: Luer lock, valves sans aiguille, Y-sites selon le schéma thérapeutique.
– Sécurité: anti-retour, anti-siphon, résistance au coudage, longueur adaptée.
– Normes et traçabilité: marquage CE (MDR), ISO 80369-7/8536, numéro de lot, date de péremption.
– Confort et pratique: chambre compte-gouttes lisible, clamp précis, volume de purge connu.
– Écologie et déchets: conditionnement, filière d’élimination disponible via le prestataire.
Conclusion
Choisir le bon set de perfusion à domicile, c’est conjuguer sécurité, efficacité clinique et confort. Un dispositif compatible avec la thérapeutique, conforme aux normes, et adapté à votre mode de vie limite les incidents (occlusions, reflux, erreurs de raccord) et facilite un traitement serein. Appuyez-vous sur votre équipe soignante et votre prestataire de santé à domicile pour valider les références, organiser la logistique et répondre à vos questions au fil du traitement.
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